Découvrir la langue des signes

Qui a inventé la langue des signes ?

Ce sont les personnes sourdes qui ont inventé leur propre langage. Depuis toujours, elles s’expriment entre elles à l’aide de signes ! Jusqu’au XVIIIe siècle, on s’intéressait très peu à leur sort. Elles étaient même considérées comme dénuées d’intelligence. Seules les plus riches pouvaient bénéficier d’une éducation, par l’intermédiaire d’un précepteur. Cette situation va évoluer grâce à un prêtre, Charles-Michel de l’Épée, qui s’est intéressé au destin des personnes sourdes après avoir rencontré de jeunes sœurs jumelles, sourdes, qui communiquaient entre elles à l’aide de signes.

C’est en observant les deux petites filles que l’Abbé de l’Epée va inventer une méthode gestuelle d’apprentissage du français. Il pose les bases de la langue des signes actuelle. Au-delà de son intérêt pour les personnes sourdes, l’abbé était animé par un projet plus vaste : mettre l’éducation à la portée de tous. Après avoir donné des cours chez lui, il crée une école gratuite à Paris en 1760, fréquentée par une trentaine d’élèves sourds. De nombreuses personnes s’intéressent à sa méthode, aussi bien en France qu’à l’étranger. Elle se diffuse en Europe et connaît de nombreuses évolutions jusqu’à nos jours.

La langue des signes française, une vraie langue

La LSF n’a été reconnue en France comme une vraie langue qu’en 2005, soit un long parcours pour faire admettre que c’était une vraie langue et non des gestes que l’on mime, comme on le croit parfois. Elle a sa propre grammaire et sa syntaxe. Le Dico Elix, un dictionnaire de référence en LSF, recense plus de 22 500 signes. La LSF n’a pas de genre, ni de conjugaison, et se parle avec le corps tout entier : les mains, le regard, les épaules, les expressions, le mouvement, participent à traduire la pensée du locuteur. On peut s’initier à la LSF en 120 heures, mais pour s’exprimer avec aisance dans la plupart des situations du quotidien, il faut compter 420 heures d’apprentissage en moyenne.

La LSF, trois sortes de signes pour communiquer

La LSF possède 3 sortes de signes, ainsi qu’un alphabet dactylographique. Les signes iconiques sont inspirés du mime et sont utilisés pour exprimer des actions, parler de lieux ou d’animaux. Il y a aussi les signes inspirés du français (qui mêlent mime et dactylographie de la première lettre du mot), et enfin, des signes inventés. Il s’agit de symboles servant à exprimer une idée ou un concept, ou utilisés pour parler d’une personne en particulier (Emmanuel Macron, Joe Biden…). Vous pouvez apprendre quelques mots et les chiffres en langue des signes sur cette page de l’Ecole Française.

La structure de la langue des signes

Comme vous le savez, en français, la phrase est composée d’un sujet, d’un verbe et d’un complément. En langue des signes, on commence par évoquer le lieu, le temps, le sujet, et enfin, l’action, soit une structure de type “complément + sujet + verbe”. Pour situer une action ou un événement dans le temps, on peut inclure un signe de temps (hier, demain, avant, après…). On peut aussi utiliser la ligne du temps. C’est une ligne invisible située au niveau du corps du locuteur. Ce qui est situé derrière son épaule appartient au passé. Ce qui est au niveau de son corps, c’est le présent, et vers l’avant, c’est le futur. Par exemple, pour évoquer mercredi dernier, on fait le signe mercredi vers l’arrière de l’épaule. Pour dimanche prochain, on fait le signe vers l’avant.

Existe-t-il une langue des signes universelle  ?

On croit souvent que la langue des signes est universelle. Pourtant, quand on sait comment elle est construite, on comprend que c’est impossible. Pour qu’elle soit universelle, il faudrait que toutes les langues aient le même alphabet, ce qui n’est évidemment pas le cas. La langue des signes est également inspirée par la culture, les habitudes et les comportements des populations, qui sont très variables d’un pays à l’autre. Au sein même de la communauté francophone, il existe des différences entre les parlers. En Belgique, il existe par exemple une Langue des Signes Belge, la LSB.

Le plus étonnant est qu’il existe des différences d’une région à l’autre : on ne pratique pas la LSF de la même façon à Lille, Paris ou Marseille. Au même titre que le français, la LSF a donc des “accents” particuliers. Malgré tout, il existe un socle commun entre les 300 langues des signes pratiquées à travers le monde, et les sourds parviennent à se comprendre beaucoup plus facilement que les entendants quand ils se trouvent hors de leurs frontières.

Comment apprendre la langue des signes française ?

Il n’y a pas que les personnes sourdes qui peuvent apprendre la LSF ou se perfectionner. Que ce soit pour communiquer avec un proche sourd ou malentendant ou par curiosité intellectuelle, toute personne peut apprendre la LSF, auprès d’un centre de formation, au sein d’une association ou à distance. Le site Dora propose un parcours d’initiation gratuit à la LSF. Vous pouvez aussi vous former seul, à l’aide de livres, ou d’applications comme Elix ou Hifive.

Les signes sont aussi utilisés par certains parents pour communiquer avec leur bébé avant qu’il ne débute l’apprentissage de la parole. Avez-vous déjà communiqué avec votre enfant à l’aide de signes ? Racontez-nous votre expérience !