Comment écouter pour que les enfants parlent ?

Dans le cadre de la Journée Internationale des Droits de l’enfant (20 novembre), se poser la question du droit à la parole et du droit à l’écoute est fondamental. Dans un monde surmédiatisé où l’enfant est exposé à de plus en plus de violence, comment trouver les mots justes pour lui parler ? Et surtout comment faire pour mieux l’écouter, le faire parler ? L’approche créative propose des outils très concrets qui donnent à l’enfant une palette artistique pour débloquer l’émotionnel et cela dès le plus jeune âge.

Âge

Pour tous

Durée
0 - 30 min
Pour qui
À 2
Proposé par Guila Clara Kessous, spécialiste de psychologie positive et d’intelligence émotionnelle pro
6

Parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent*

*Titre inspiré du livre éponyme de Faber et Mazlish. “Parler pour que les enfants écoutent” s’adresse à toute personne désireuse d’améliorer sa relation avec des enfants de tout âge. Une bible pour les adultes à découvrir sans plus attendre.

Pour un enfant, nommer une émotion lui permet de la faire exister

L’enjeu de savoir nommer et de mettre en mots les pensées et les émotions des enfants est de taille, surtout lorsque la finesse de la description n’est pas encore à sa portée. Ne sachant pas à quel degré il vit l’émotion, il ne pourra pas trouver les mots justes pour indiquer qu’il est seulement contrarié ou au contraire furieux. C’est d’ailleurs ce décalage qui fait sourire, puisqu’un enfant est capable de s’approprier un mot rien que pour sa sonorité.

Une petite fille de quatre ans par exemple avait entendu lors d’un examen médical le mot de «malléole», os de la cheville. Elle était revenue avec pour le rapporter dans son quotidien en jouant sur sa prononciation, en insistant sur l’allitération, en le faisant vivre comme un mot vivant adapté à des situations imaginaires. C’est parce que l’enfant fait «son marché» de mots qu’il est important de savoir les lui donner très tôt quand il s’agit du rapport à l’émotionnel. Voici quelques suggestions :

Proposer un tableau des émotions, en lien avec des couleurs avec trois mots expliquant la gradation de l’émotion.

Par exemple,

  • pour la joie mettre : souriant, heureux, excité,
  • pour la colère : frustré, énervé, furieux
  • pour la tristesse: triste, abattu, déprimé
  • pour la peur : timide, craintif, terrorisé

Puis, lors de moments émotionnels de votre enfant, lui faire choisir le mot qui représente son émotion. Quand il est triste, est-il abattu ? Déprimé ?

Pour des exemples de mots justes de degrés émotionnels, vous pouvez vous inspirer de l’atlas des émotions mis en place par Paul Ekman et le Dalai Lama sur le site suivant : www.atlasofemotions.org

Aider l’enfant à exprimer ses émotions par l’écoute

Toutes les méthodes de communication parentale le mentionnent. La première des choses, c’est avant tout d’écouter votre enfant sans l’interrompre ou en proposant une reformulation qui ne vous met pas en position de «sachant». Même si vous «savez» nommer les émotions, vous ne connaissez pas celle que traverse votre enfant. Aidez-le avec une reformulation très simple à partir de ses propres mots.

Par exemple, si l’enfant dit «Ce n’est pas juste». Vous pouvez simplement dire «Alors tu trouves que cela n’est pas juste, c’est ça ?» ou faire un «Humm» en fronçant les sourcils, ce qui permettra à l’enfant de sentir un écho émotionnel de votre part.

Quand la créativité vient au secours de la communication avec l’enfant

De nombreuses méthodes créatives peuvent également être de précieuses ressources en la matière. Le détournement par la créativité permettra une expression nouvelle, une façon bien personnelle de pouvoir exprimer l’émotion et ainsi la gérer correctement.

Le détour par la fiction de la marionnette

Le recours à un personnage de fiction est souvent utilisé en art thérapie pour guérir un patient atteint de syndrome post traumatique. Il permet une «catharsis» de ce que la personne a vécu qui arrive à «lâcher prise» puisqu’il ne s’agit pas de lui dont on parle. Vous pouvez par exemple créer votre propre marionnette (avec un torchon de cuisine ou une chaussette) et créer «le monstre tout doux» qui avale toutes les angoisses et éloigne les cauchemars. Ce procédé est actuellement utilisé dans les endroits du monde où ont pu se produire des scènes violentes de guerre par exemple auquel ont assisté les tout petits. La marionnette peut également être un dessin que l’on découpe puis que l’on anime soi-même. Le but étant de lui donner une vertu émotionnelle de compassion et de bienveillance pour que l’enfant se sente en sécurité à son contact. La marionnette peut également symboliser l’enfant.

Le média artistique pour canaliser l’émotion

Le dessin est également préconisé pour dévier l’émotion lorsqu’elle devient envahissante. Un enfant qui a du mal à gérer l’intensité de ses émotions pourra retrouver une vraie sérénité après une expression au travers du dessin. Ainsi, si vous sentez que l’enfant commence à pénétrer la spirale de la colère, vous pourrez lui proposer de dessiner cette frustration dans un dessin. Vous serez surpris du résultat. L’enfant généralement déverse dans le dessin toute sa rancœur en allant parfois jusqu’à déchirer le papier tant sa fureur est grande. Puis, ayant sorti la colère de son petit être, il pourra tout à fait revenir à une parfaite maitrise de soi puisqu’il faut rappeler que la durée de l’émotion ainsi que son empreinte psychique n’est pas du tout la même chez l’enfant que chez l’adulte.

Comment la créativité peut aider l’enfant à mieux communiquer ses émotions ?

Découvrez en vidéo l’analyse de 4 dessins d’enfants par Guila Clara Kessous.

 

Enfin, vous pouvez en tant qu’adulte être le meilleur vecteur de créativité

En vous transformant en personnage ou en objet que vous faites parler avec une voix différente à la vôtre pour en expliquer les émotions. Par exemple, si l’enfant se cogne à une table, vous pouvez prendre le rôle de la table en disant «Aie ! Ouille ! Oups ! je suis si désolé de t’avoir fait mal… mais aussi qu’est ce qui t’a pris de foncer sur moi comme ça ? Tu étais pressé ?» La surprise que l’enfant aura face à un adulte «qui joue» est telle qu’elle facilitera la diversion de la douleur pour continuer le jeu jusqu’au bout. On oublie souvent les capacités imaginatives de l’enfant qui sont autant de dérivatifs à des émotions qui souvent les dépassent. Pénétrer dans leur monde et faire parler les objets ou leurs héros préférés pour les motiver est une clé importante de la communication avec l’enfant.

Si la parole et l’écoute sont importantes pour l’enfant, il ne faut pas négliger pour autant celle de l’adulte qui est en lien avec celui-ci. Être avec un enfant demande d’avoir également appris à se parler et à s’écouter en tant qu’adulte pour qu’il n’y ait pas confusion entre la «petite voix» intérieure qui nous dit qu’«on fait mal» et celle qui sort et qui se veut «responsable» en «montrant l’exemple». C’est par une conscience de la valeur de la parole qui vient de soi, bienveillante et authentique, que jaillira celle adressée à l’enfant, juste et constructive.

Qui est Guila Clara Kessous ?

Guila Clara Kessous, artiste pour la paix

Guila Clara Kessous est spécialiste de psychologie positive et d’intelligence émotionnelle, qu’elle couple avec l’approche de «parentalité positive» Faber & Mazlich. Post-Docteure de l’Université de Harvard, elle suit les cours du célèbre « professeur de bonheur » Tal ben Shahar et du Dr. Paul Ekman, expert mondial de l’intelligence émotionnelle. Pour Lunii, elle écrit et enregistre Se lever de bonheur, un album de psychologie positive dédié aux jeunes enfants et à leurs parents. En 2023, elle enregistre « La Princesse sans bouche » chez Bayard jeunesse pour prévenir les traumatismes liés à l’inceste.

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