Les droits de l’enfant, longtemps ignorés
Pendant longtemps, l’enfant a été perçu comme sans grande importance. Il faut attendre le XVIIIe siècle et la philosophie des Lumières pour entendre parler pour la première fois des droits de l’enfant. L’un des premiers ouvrages à y faire référence est Emile ou l’éducation de Jean-Jacques Rousseau, publié en 1762.
Au XIXe siècle, les droits des enfants progressent. En 1841, la France adopte une loi réglementant le travail des enfants. Elle concerne uniquement les usines, et prévoit qu’aucun enfant de moins de 8 ans ne peut y travailler. Pour les plus de 8 ans, la journée est fixée à 8 heures de travail maximum. Le travail de nuit est interdit pour les moins de 12 ans. L’autre avancée majeure en faveur du droit des enfants est le vote de la loi Jules Ferry en 1882, instituant l’école gratuite, laïque et obligatoire.
XXe siècle : les droits fondamentaux de l’enfance progressent
Il faudra attendre le XXe siècle pour que la société change le regard porté sur les enfants, qu’elle commence à ne plus les considérer comme une bouche à nourrir ou des bras pour travailler, mais comme l’avenir de la société. En 1924, la Déclaration de Genève est le premier texte international reconnaissant des droits particuliers aux enfants. En 1959, les Nations Unies adoptent la Déclaration des droits de l’enfant, définissant 10 grands principes fondamentaux pour les protéger. En 1989, la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide) est adoptée. Elle introduit la notion d’intérêt supérieur de l’enfant, c’est-à-dire que son intérêt passe désormais avant toute autre considération. Ratifiée par 20 États, elle devient un texte de référence du droit international.
Cette convention donne aux enfants le droit d’avoir une identité, une nationalité, un toit, une famille, d’être soignés et protégés des maladies, d’avoir une alimentation suffisante, d’aller à l’école, de jouer et d’avoir des loisirs, de pouvoir s’informer et s’exprimer, d’être protégés de la violence et de la discrimination, d’être tenus à l’écart des guerres. Elle a permis de faire évoluer le droit des enfants, notamment dans les pays en voie de développement, où ils sont plus nombreux à pouvoir manger à leur faim, accéder à l’eau potable, être vaccinés ou aller à l’école. Aujourd’hui, 193 des 197 États membres de l’ONU l’ont adoptée. Tous les ans, le 20 novembre, la Journée internationale des droits de l’enfant est l’occasion de mettre en lumière cette convention qui a joué un rôle décisif dans la protection des enfants.
Les droits des enfants en France
En France, même si la situation des enfants est plus favorable que dans de nombreux pays, cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’injustices. Il y a un million d’enfants pauvres, 19 000 enfants sont maltraités, 76 000 enfants vivent dans un environnement familial peu propice à leur développement, 240 000 enfants sont placés ou socialement pris en charge. Toute personne estimant que les droits d’un enfant ne sont pas respectés peut saisir le Défenseur des droits, y compris les enfants eux-mêmes. On pense en priorité aux violences familiales, mais il y a de multiples autres cas où cette autorité peut intervenir.
Ainsi, en cas de séparation de ses parents, l’enfant a le droit de choisir le parent avec lequel il veut vivre. On ne peut lui interdire de voir le parent avec lequel il ne vit pas. On ne peut pas obliger un adolescent à suivre une orientation dont il ne veut pas. On ne peut refuser à un enfant handicapé de pratiquer un sport. Un enfant ou un adolescent doit pouvoir être accueilli dans un établissement scolaire, même s’il a été exclu de son école pour des raisons disciplinaires. Il doit aussi être protégé s’il est victime de harcèlement scolaire. Il existe de nombreux autres cas où les enfants et adolescents de moins de 18 ans peuvent faire valoir leurs droits quand ils ne sont pas respectés. Si c’est le cas de votre enfant, vous pouvez appeler le 119 ou visiter le site internet dédié.
La Convention internationale des droits de l’enfant et ses limites
Les Etats qui ont signé la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide) sont tenus de la respecter, mais s’ils ne le font pas il n’y a aucune autorité pour les sanctionner. Alors, même si des progrès ont été réalisés pendant ces 30 dernières années, tout est loin d’être parfait. Parce qu’ils sont plus fragiles, les enfants sont les premières victimes des conséquences des guerres et du changement climatique (sécheresse, inondations, tempêtes, cyclones, etc.). Leurs besoins élémentaires ne peuvent bien souvent pas être assurés. Il paraît en effet difficile de vivre en sécurité et de rester en bonne santé dans un pays en guerre, ou de manger à sa faim et de boire de l’eau potable quand on vit dans un endroit où le climat est soumis à la sécheresse ou aux inondations.
Même en France, où les conditions de vie sont beaucoup plus favorables que dans de nombreux pays, certains enfants sortent du système scolaire sans bien maîtriser les savoirs de base (lire, écrire et compter). D’autres enfants en situation de handicap ou de précarité ne peuvent accéder à l’école. Autre sujet d’inquiétude, le développement du numérique et les nouveaux risques qu’il fait courir aux enfants. La Cide devra forcément évoluer pour prendre en compte ces nouveaux dangers.
En 2018, la France a adopté le principe d’une éducation non-violente en interdisant les châtiments corporels exercés sur les enfants, y compris dans la sphère familiale. Que pensez-vous de cette décision ?
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